Un métier au cœur de l'actualité

Un photojournaliste est pour nous un photographe qui réalise des reportages photographiques, destinés à illustrer l’actualité ou des événements par le biais de clichés, à décrire des lieux ou dénoncer des problèmes. On retrouve donc une multitude de photojournalistes spécialisés dans différents domaines. Le photoreporter participe à l'illustration de l'actualité : c'est un journaliste qui témoigne, qui retranscrit ce qu'il voit à l'aide de son appareil. Son rêve est de réaliser le cliché parfait qui va être publié et reconnu dans le monde. Il va chercher à sortir une photo susceptible de devenir un document historique (ex : photo de la Place de la République après les attentats à Charlie Hebdo, la poignée de mains entre le Maréchal Pétain et Hitler, l’appel du général De Gaulle au micro de la BBC à Londres…) 

           

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 Entrevue de Montoire, Heinrich Hoffmann, 1940                                   Rassemblement pour la liberté d’expression (Charlie Hebdo), Argyroglo, janvier 2015

Un photographe classique prend ses photos pour des buts précis : se faire plaisir et plaire à son client. De notre point de vue, le photojournaliste a plus de responsabilités. Il est tenu de prendre des photos à but informatif, visibles par leur apparente objectivité, qui seront diffusées au public. Il a une fonction davantage publique qu'un photographe classique. Pour choisir un sujet, le photoreporter doit d’abord trouver un thème (une population, un lieu, un évènement…) et doit se tenir informé de l’actualité en essayant d’apporter un regard neuf sur les évènements dont il a été témoin (il doit anticiper préalablement ses idées et se documenter)

Le photojournaliste se doit de décrire des lieux, dénoncer des problèmes, illustrer l’actualité par le biais de ses images. Toujours en mouvement, il doit être prêt à « dégainer » son appareil.

Le photoreporter en expédition réalise son projet sur du long-terme, lui permettant ainsi, en restant quelques temps dans un milieu donné, de s’y intégrer, et de tisser des liens avec les personnes rencontrées. Il peut être sensible à des difficultés sociales dans un pays et cette émotion suscite un regard personnel sur le sujet, le photographe le fait partager à travers ses clichés (il peut alors se lancer dans la photographie humaniste).

En outre, plusieurs types de photojournalistes/photoreporters existent :

* Le photographe d’actualité couvre majoritairement les évènements dans la presse. Il fournit ses clichés à la rédaction pour laquelle il travaille (agence de presse ou médias) et photographie tout type d’évènements d’actualité : évènements officiels, inaugurations, discours, défilés, manifestation, spectacles, conflits, people... Il se doit d’être disponible 24h/24.  

* Le photographe documentaire retranscrit le plus fidèlement la réalité et essaie d’avoir un œil neutre, sans laisser légèrement transparaitre ses émotions (Henri Matisse : le photographe devait « enregistrer et fournir des documents »). C’est en 1908 que débute la photographie documentaire avec la construction de l’Empire State Building. Quelque fois, l’image peut suggérer, parfois elle affirme, elle témoigne. Certains faits d’actualité peuvent pousser le photographe à dénoncer et avertir l’opinion publique de manière indirecte, avec des messages cachés.

Ils font tous quasiment le même métier, mais ces photographes ont la possibilité de choisir entre différents statuts, qui les amèneront à des carrières tout aussi variées :

• Le photographe indépendant travaille en général sur commande pour les médias (journaux, magazines, sites…). Son salaire n’est pas fixe ni mensualisé.

• Il peut également travailler en tant que salarié où son activité est régulière et rémunérée, sous l’encadrement d’une entreprise ou d’un organisme public.

• Le photojournaliste Freelance, en plus de répondre à des commandes comme le photojournaliste indépendant, peut faire des reportages qui lui tiennent à cœur pour les commercialiser à des clients potentiels. Lorsque l’on est Freelance il est compliqué d’être en relation avec les médias, il passe donc par l’intermédiaire d’une agence de presse.

Il est plus libre, il traite les sujets avec plus de profondeur, véhiculant dans ses photos des messages. Les trois statuts bénéficient du droit d’auteur, ils peuvent demander que leur nom figure sur les clichés.

D’un côté, c'est une profession passionnante, mais d’autre part, les aspects juridiques et administratifs sont complexes et ils peuvent être parfois démoralisants.

C’est un métier qui intrigue et qui évolue en même temps que la technologie. Avant l’essor du numérique, le marché de la photographie de presse était artisanal. La photo était encombrante, il fallait la stocker, l’archiver, bien savoir la manipuler. Les photographes et les agences de presse faisaient beaucoup d’effort pour mettre une photo en scène. Le développement de la technologie a bouleversé le marché de la photo de presse. En effet, le numérique a entraîné une dématérialisation de l’image, et donc un changement des méthodes artisanales utilisées auparavant. Les images sont désormais numérisées, stockées par milliers dans des logiciels informatiques. Par ailleurs, la facilité et le coût d’accès limité à des matériels performants permettent à des nouveaux venus de tenter leur chance dans le métier.

Les barrières d’entrée sont en effet faibles.

Mas si la profession attire de nombreux jeunes voulant entreprendre une carrière dans le domaine, elle souffre de nombreuses difficultés.

« Le métier est un champ de ruines. Beaucoup de confrères sont dans des situations terribles, financièrement et moralement, y compris ceux qui avait un réputation et un nom au moment où tout s’est cassé la figure.». Voilà comment Patrick Bard, photojournaliste et écrivain français nous expose le photojournalisme et beaucoup de professionnels du domaine font le même constat : le photojournalisme subit violemment les effets de la crise et la révolution numérique, la profession a vu  ses effectifs baisser de plus de 40 % en 15 ans. Le nombre de photojournalistes diminue alors que l’image est tout autant présente dans la presse. La plupart regrettent avec nostalgie des temps glorieux, dans les années 70, où il suffisait d’un coup de file pour partir faire ses reportages à l’autre bout du monde.Des agences photographiques emblématiques comme Gamma, Sygma ou encore Sipa ont eu des grosses difficultés à s’adapter à la montée du numérique.

A l‘inverse, d’autres qu’on appelle « filaire », comme l’AFP, ont su faire avec en développant et améliorant leurs services photographiques. Elles sont montées en qualité et ont su élargir leurs contacts pour tirer de la révolution  numérique un avantage. Mais contrairement aux agences de presse mondiales, l’AFP a mal négocié le virage vers l’internet et souffre d’une crise de la presse écrite. Le financement est également un problème majeur pour la seule grande agence en français. Tout comme les agences de presse, les photojournalistes souffrent également en majorité de difficultés financières. Pour y remédier, la plupart des photojournalistes ne font pas seulement de la photo de presse mais font des portraits d’entreprise (corporate) ou encore de la mode. Par conséquent on arrive à un « casse-tête » des statuts. Certains perdent leur carte de presse, document indispensable, qui sert entre autres, à se faire identifier par les autorités consulaires dans les zones de conflit. Puisque la presse fait défaut, ils ont également recourt à différentes activités pour compléter leur revenu de photographe : ils organisent des conférences, des expositions, publient des romans... La photographie de presse n’est devenue qu’une simple occupation. 

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