L'impact de l'image de presse sur notre société

L’image nous submerge, elle est omniprésente et indispensable dans notre société, longtemps sous l’emprise de la presse écrite. Contrairement aux reportages écrits, qui nécessitent des traductions pour être compris, l’image est universelle et permet de transmettre une quantité d’informations et d’émotions inégalable à un spectateur sans distinctions de langues. De plus on peut avoir des doutes sur ce qu’on lit, mais l’image en elle-même peut être convaincante pour le spectateur et peut lui transmettre des émotions qui changent son opinion.

En effet, une image exerce un pouvoir sur ses spectateurs, elle dégage de la force, une expression, des sentiments. Il faut être conscient de ces transformations qu’apporte l’image à l’actualité. Le lien entre l’image et son spectateur est particulier. Mis au final, qui a le plus d’influence ? Le spectateur sur l’image ou l’image sur le spectateur ?

Son pouvoir est utilisé afin d’assouvir différentes intentions. Selon Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération,  « une bonne photo est essentielle au journal, parce qu’une bonne photo c’est un article plus concis et plus frappant, ça donne une esthétique à l’information » En effet, l’image est utilisée pour provoquer chez le spectateur un acte d’achat, l’œil du passant doit être automatiquement attiré par la couleur, la luminosité que renvoie la photo et doit pousser ce dernier à en savoir d’avantage en favorisant le désire de lecture. C’est pour cela que « la Une » d’un magazine est minutieusement choisie car c’est la page la plus importante, elle est la seule à être visible avant l’acte d’achat. La photo de couverture doit faire acheter le magazine.

Les images ont également le pouvoir de bouleverser les gens dans leurs convictions, de faire avancer les choses. Comment une image, noyée dans une marée d’autres clichés, peut-elle sortir du lot et marquer notre mémoire ?Photo guerre du vietnam

Pendant la guerre du Vietnam, de nombreux photojournalistes se trouvent sur le terrain, au plus proche des violences. Nick Ut est l’un d’eux. Ce photojournaliste vietnamien est connu, entre autres, pour sa photo prise le 8 juin 1972 « La petite fille au napalm ». En effet, elle représente une petite fille nue, Kim Phuc, hurlant de douleur, débarrassée de ses vêtements brulés par le napalm des bombes de l’armée sud-vietnamienne qu’elle fuit avec d’autres enfants. Cette photo a fait le tour du monde et continue, encore de nos jours à alimenter les discussions. On peut le comprendre, ce cliché est véritablement poignant : il montre toute l’horreur de la guerre et ses victimes innocentes que sont les enfants 

.L’enfant Kim Phuc de 1972 est désormais adulte et a été nommée par l’Unesco « ambassadrice de bonne volonté pour la paix». Elle a également créé «The Kim Foundation International », sa propre fondation. Une image ne peut pas arrêter une guerre mais elle a le pouvoir de faire bouger les choses dans le bon sens. C’est ce qu’a réussi ce cliché, qui a littéralement « magnétisé » la Terre entière et qui a eu incontestablement une certaine influence dans l’accélération de l’arrêt du conflit.

Certaines images médiatiques pourraient donc être en quelque sorte de nouvelles peintures d’histoire, remplies d’effets qui laisseraient le spectateur fasciné.

La photo de presse intrigue, elle peut faire figurer des styles d’expression comme la rhétorique ou la symbolique pour permettre un impact différent sur le spectateur. Les figures rhétoriques dans la photographie journalistique jouent avec la comparaison, l’allégorie ou encore l’antithèse. Une photographie est symbolique lorsqu’elle sort du contexte médiatique pour reposer sur une idée plutôt qu’un évènement. Elle est alors beaucoup utilisé dans la photographie engagée.

A la même période, une autre photographie a marqué son époque en devenant un symbole de la « génération hippie ». Près de cinquante ans après, elle nous a aussi beaucoup marqués.

Il s’agit d’un cliché de Marc Riboud, photographe professionnel français, qui l’a prise en 1967 lors d’une manifestation contre la guerre du Vietnam. Elle montre une jeune fille qui dénonce à sa manière le conflit : par ses vêtements, la fleur qu’elle tient dans sa main et ses cheveux courts, cette jeune fille fait référence à l’anticonformisme ; elle incarne d’une certaine manière la communauté hippie et ses valeurs. Pourtant isolée et face à une barricade de soldats armés qui pointent leurs fusils vers son visage, la jeune fille semble sereine et son geste de recueillement évoque la douleur, la paix et le calme qu’elle souhaite partager. De plus, elle fait face à cette masse militaire Photo marc riboud gp1autoritaire, indifférente,  presque agressive qui  a pour mission de contrôler les manifestations. La photo illustre donc deux entités en face à face qui représentent deux positions, deux opinions politiques antagonistes : la guerre et la paix. Ce jeu d’opposition est très nettement visible du point de vue du photographe, grâce notamment à sa mise au point qui écarte l’arrière-plan, et qui concentre la force émotionnelle au premier plan.   La jeune fille symbolise toute la jeunesse américaine contestataire des années 60, qui souhaite communiquer la paix et l’amour face à la dureté militaire des soldats. En définitive c’est un cliché symbole mais engagé qui a connu, logiquement, un succès retentissant lors de sa publication 

La photographie rhétorique peut être durable dans la mémoire collective car son idée symbolique serait intemporelle. Ce genre de photos peut permettre une prise de conscience collective sur un sous-entendu symbolique.

Les images sont donc en plus d’être des preuves de l’histoire, des objets de fascination source de véritables pouvoirs

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